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histoire de bel-heureux…
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT QUARANTE-TROISIÈME NUIT

Elle dit :

… Et de le voir content il était ravi à l’extrême. Dans ces conditions le voyage fut agréable et sans fatigue, et l’on arriva de la sorte à Damas.

Aussitôt le savant de Perse alla avec Bel-Heureux au souk principal et loua, séance tenante, une grande boutique qu’il fit remettre à neuf. Puis il fit faire des étagères élégantes tendues de velours, où il rangea en bon ordre ses flacons précieux, ses dictames, ses baumes, ses poudres, ses sirops contenus dans le cristal, ses thériaques fines conservées dans l’or pur, ses pots de faïence persane aux reflets métalliques où mûrissaient les vieilles pommades composées du suc de trois cents herbes rares ; et entre les grands flacons, les cornues et les alambics, il plaça l’astrolabe d’or.

Après quoi il se vêtit de sa robe de médecin et se coiffa de son grand turban à sept tours, puis songea à habiller Bel-Heureux qui devait lui servir d’assistant, exécuter les prescriptions, piler dans le mortier, faire les sachets et écrire les remèdes sous sa dictée. À cet effet il le vêtit, lui-même, d’une chemise de soie