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les mille nuits et une nuit

nua : « Raffermis donc ton courage et ton cœur. Chasse tous les soucis. Mange, bois et dors ! Et dans une semaine, une fois tes forces revenues, je reviendrai te prendre pour faire avec toi le voyage. » Et il prit congé de Printemps et de Bel-Heureux, et s’en alla se préparer lui aussi au départ.

Alors Printemps donna à son fils cinq mille autres dinars, et lui acheta des chameaux qu’il fit charger de riches marchandises et de ces soieries de Koufa si belles de couleur, et lui donna des chevaux pour lui et pour sa suite. Puis au bout de la semaine, comme Bel-Heureux avait suivi les prescriptions du savant et s’en était admirablement trouvé, Printemps jugea que son fils pouvait sans inconvénients entreprendre le voyage de Damas. Bel-Heureux fit donc ses adieux à son père, à sa mère, à Prospérité et au portier et, accompagné des vœux que tous les bras des siens appelaient sur sa tête, il partit de Koufa avec le savant de Perse.

Or, Bel-Heureux à ce moment-là avait atteint la perfection de l’adolescence, et ses dix-sept ans avaient duveté soyeusement ses joues à l’incarnat léger : ce qui rendait ses charmes encore plus séducteurs et faisait que nul ne le pouvait regarder sans s’arrêter extatiquement. Aussi le savant de Perse ne fut pas longtemps sans éprouver l’effet délicieux des charmes de l’adolescent, et l’aima-t-il de toute son âme, en vérité, et se priva-t-il, durant tout le voyage, de toutes les commodités pour l’en faire profiter. Et de le voir content il était ravi à l’extrême…