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histoire de bel-heureux…
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se trouve en ce moment à Bassra ! » Puis il se reprit et dit : « Non ! les trois fleuves que je vois là m’ont trompé. La personne se trouve en ce moment à Damas, dans un grand palais, et dans le même état de langueur que ton fils, ô illustre marchand ! »

À ces paroles, Printemps s’écria : « Et que nous faut-il faire, ô vénérable médecin ? De grâce, éclaire-nous, et tu n’auras pas à te plaindre de l’avarice de Printemps. Car, par Allah ! je te donnerai de quoi vivre dans l’opulence durant l’espace de trois vies humaines ! » Et le Persan répondit : « Tranquillisez tous deux vos âmes et que vos paupières se rafraîchissent et couvrent vos yeux sans inquiétude ! Car je me charge de réunir les deux jeunes gens, et la chose est encore plus aisée à faire que tu ne te l’imagines ! » Puis il ajouta, en s’adressant à Printemps : « Tire de ta poche quatre mille dinars ! » Et Printemps défit aussitôt sa ceinture et rangea devant le Persan quatre mille dinars et mille autres dinars. Et le Persan dit : « Maintenant qu’il y a ainsi de quoi suffire à toutes les dépenses, je vais immédiatement me mettre en route pour Damas, en emmenant ton fils avec moi ! Et, si Allah veut, nous reviendrons avec celle qu’il aime ! » Puis il se tourna vers l’adolescent étendu sur le lit et lui demanda : « Ô fils de l’honorable Printemps, quel est ton nom ? » Il répondit : « Ô Bel-Heureux ! » Le Persan dit : « Eh bien, Bel-Heureux, lève-toi, et que ton âme soit désormais sauve de toute inquiétude, car tu peux dès cet instant considérer que ton esclave t’est rendue ! » Et Bel-Heureux, mû soudain par la bonne influence du médecin, se leva et s’assit. Et le médecin conti-