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les mille nuits et une nuit

lendemain fut-il obligé de s’aliter, en proie à une faiblesse extrême et à une fièvre qui ne fit qu’augmenter de jour en jour, à mesure qu’il perdait ce qui lui restait d’espoir au sujet des recherches ordonnées par le gouverneur. Et les médecins consultés répondirent : « Son mal n’a d’autre remède que le retour de son épouse ! »

Sur ces entrefaites, arriva dans la ville de Koufa un Persan fort versé dans la médecine, l’art des drogues, la science des étoiles et du sable divinatoire. Et le marchand Printemps se hâta de le faire venir auprès de son fils. Alors le savant Persan, après avoir été traité avec les plus grands égards par Printemps, s’approcha de Bel-Heureux et lui dit : « Donne-moi la main ! » Et il lui prit la main, lui tâta le pouls pendant un bon moment, le regarda avec attention au visage, puis sourit et se tourna vers le marchand Printemps en lui disant : « Le mal de ton fils réside dans son cœur ! » Et Printemps répondit : « Par Allah ! tu dis vrai, ô médecin ! » Le savant continua : « Et ce mal a pour cause la disparition d’une personne aimée. Eh bien ! je vais vous dire, avec l’aide des puissances mystérieuses, l’endroit où se trouve actuellement cette personne ! »

Et, ayant achevé ces mots, le Persan s’accroupit, tira d’un sac un paquet de sable qu’il défit et étendit devant lui ; puis il plaça au milieu du sable cinq cailloux blancs et trois cailloux noirs, deux baguettes et un ongle de tigre, les disposa sur un plan, puis sur deux plans, puis sur trois plans, les regarda en prononçant quelques mots en langue persane, et dit : « Ô vous qui m’écoutez, sachez que la personne