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les mille nuits et une nuit

paru de la maison. » Le chef de la police, assis sur le tapis, jambes croisées au-dessous de lui, souffla deux ou trois fois, et demanda : « Et avec qui est-elle partie ? » Bel-Heureux répondit : « Avec une vieille dont le signalement est tel et tel. Et, cette vieille est habillée de bure et porte au cou un chapelet aux grains par milliers. » Et le chef de la police dit : « Par Allah ! dis-moi où se trouve la vieille et j’irai tout de suite te chercher l’esclave ! »

À ces paroles, Bel-Heureux répondit : « Mais sais-je, moi, où se trouve la vieille ? Et viendrais-je ici si je savais l’endroit où elle est ? » Le chef de la police changea la position de ses jambes, les ramena sous lui en sens inverse, et dit : « Mon fils, il n’y a qu’Allah l’Omniscient pour découvrir les choses invisibles ! » Alors Bel-Heureux, irrité à l’extrême, s’écria : « Par le Prophète ! c’est toi seul que je rends responsable de la chose ! Et, s’il le faut, j’irai trouver le gouverneur et même l’émir des Croyants pour les édifier sur ton compte ! » L’autre répondit : « Tu peux aller où bon te semble ! Je n’ai pas appris la sorcellerie pour dévoiler les choses cachées ! »

Alors Bel-Heureux s’en retourna chez le gouverneur et lui dit : « Je suis allé chez le chef de la police, et il s’est passé telle et telle chose. » Et le gouverneur dit : « Ce n’est pas possible ! Holà ! gardes, allez me chercher ce fils de chien-là ! » Et lorsque ce dernier fut arrivé, le gouverneur lui dit : « Je t’ordonne de faire les recherches les plus minutieuses pour retrouver l’esclave de Bel-Heureux, fils de Printemps ! Envoie tes cavaliers dans toutes