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histoire de bel-heureux…
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mère pour demander : « Quand, exactement, Belle-Heureuse est-elle sortie ? » Elle répondit : « Ce matin, de bonne heure, après ton départ pour le souk. » Et Bel-Heureux s’écria : « Tu vois, ma mère, à quoi cela nous sert de changer nos habitudes et d’accorder à nos femmes des libertés dont elles ne savent que faire et qui ne peuvent que leur être funestes ! Ah ! ma mère, pourquoi as-tu permis à Belle-Heureuse de sortir ? Qui sait où elle a pu s’égarer, et si elle n’est pas tombée dans l’eau, et si un minaret ne l’a pas ensevelie sous sa chute ? Mais je vais courir chez le gouverneur pour l’obliger à faire immédiatement des recherches ! »

Et Bel-Heureux, hors de lui, courut au palais, et le gouverneur le reçut, sans le faire attendre, par égards pour son père Printemps qui comptait parmi les plus hauts notables de la ville. Et Bel-Heureux, sans même s’arrêter aux formules obligatoires du salam, dit au gouverneur : « Mon esclave a disparu depuis ce matin, de ma maison, en compagnie d’une vieille femme que nous avions hébergée chez nous. Je viens te prier de m’aider à la rechercher. » Le gouverneur prit un ton plein d’intérêt en répondant : « Mais certainement, mon fils ! Il n’y a rien que je ne fasse, en considération de ton digne père. Va trouver de ma part le chef de la police et expose-lui ton affaire. C’est un homme fort avisé et plein d’expédients, qui, sans aucun doute, vous trouvera l’esclave d’ici peu de jours. »

Alors Bel-Heureux courut chez le chef de la police et lui dit : « Je viens te voir de la part du gouverneur pour retrouver mon esclave qui a dis-