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les mille nuits et une nuit

après avoir essayé sur elle la science des médecins les plus réputés de Damas.

Quant à Bel-Heureux, fils de Printemps, voici. Vers le soir il rentra dans sa maison et, selon son habitude, s’allongea sur le divan et appela : « Ô Belle-Heureuse ! » Mais, pour la première fois, personne ne répondit. Alors il se leva vivement et appela une seconde fois : « Ô Belle-Heureuse ! » Mais personne ne répondit. Et personne non plus n’osa entrer. Car toutes les esclaves s’étaient cachées et nulle d’entre elles n’osait bouger. Alors Bel-Heureux se dirigea vers l’appartement de sa mère, et entra précipitamment ; il trouva sa mère assise toute triste la main sur la joue, et perdue dans ses pensées. À cette vue, son inquiétude ne fit qu’augmenter et il demanda avec effroi à sa mère : « Où est Belle- Heureuse ?… »

Mais, pour toute réponse, l’épouse de Printemps fondit en larmes ; et puis elle soupira : « Qu’Allah nous protège, ô mon enfant ! Belle-Heureuse, en ton absence, est venue me demander la permission de sortir avec la vieille pour aller, m’a-t-elle dit, visiter un saint ouali qui accomplit des miracles. Et elle n’est pas encore rentrée. Ah ! mon fils, jamais mon cœur n’a été tranquille depuis l’entrée de cette vieille dans notre maison. Notre portier non plus, ce vieux serviteur fidèle qui nous a tous élevés, ne l’a jamais regardée d’un œil de paix ! J’ai toujours eu le pressentiment que cette vieille-là nous porterait malheur avec ses prières trop prolongées et ses regards si rusés ! » Mais Bel-Heureux interrompit sa