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histoire de bel-heureux…
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Alors, comme la vieille ne reparaissait point, Belle-Heureuse ne douta plus de la trahison de la maudite et se remémora certaines paroles que le bon portier lui avait dites au sujet des yeux pleins d’artifices de cette sainte.

Quant au gouverneur, une fois assuré que Belle-Heureuse était celle-là même qu’il voyait devant lui, il ressortit en fermant la porte, et alla donner quelques ordres rapides ; il écrivit une lettre au khalifat Abd El-Malek ben-Merouân, et confia la lettre et l’adolescente au chef de ses gardes en lui ordonnant de se mettre immédiatement en route pour Damas.

Alors le chef des gardes emmena de force Belle-Heureuse, la plaça sur un dromadaire rapide, se mit lui-même devant elle et, suivi de quelques esclaves, il partit en toute hâte vers Damas.

Quant à Belle-Heureuse, durant toute la route, elle se cacha la tête dans son voile et sanglota en silence, indifférente aux arrêts, aux secousses, aux haltes et aux départs. Et le chef des gardes ne put tirer d’elle un mot ni un signe, et cela jusqu’à l’arrivée à Damas.

Aussi, sans tarder, il se dirigea vers le palais de l’émir des Croyants, remit l’esclave et la lettre au chef des chambellans, prit la réponse d’agrément, et s’en retourna à Koufa comme il était venu.

Le lendemain, le khalifat entra dans le harem et apprit à son épouse et à sa sœur l’arrivée de la nouvelle esclave, en leur disant : « Le gouverneur de Koufa vient de m’envoyer en cadeau une jeune esclave ; et il m’écrit pour me dire que cette esclave,