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histoire de bel-heureux…
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Or, cet état ne cessant point, la vieille devint la conseillère inséparable du logis. Elle dit donc un jour à Belle-Heureuse : « Ma fille, la fécondité n’a pas encore visité tes jeunes flancs. Veux-tu venir avec moi demander la bénédiction des saints ascètes, des cheikhs aimés d’Allah, des santons et des oualis qui sont en communication avec le Très-Haut ? Ces oualis, ma fille, me sont connus, et je sais le pouvoir immense qu’ils ont de faire des miracles et d’accomplir les choses les plus prodigieuses au nom d’Allah. Ils guérissent les aveugles et les infirmes, ressuscitent les morts, nagent dans l’air, marchent sur l’eau. Quant à la fécondation des femmes, c’est là le moindre des privilèges qu’Allah leur a accordés ! Et tu obtiendras ce résultat rien qu’en touchant le pan de leur robe ou en baisant les grains de leur chapelet ! »

À ces paroles de la vieille, Belle-Heureuse sentit en son âme s’agiter le désir de la fécondité, et dit à la vieille : « Il faut que je demande à mon maître Bel-Heureux la permission de sortir. Attendons son retour. » Mais la vieille répondit : « Avise seulement ta belle-mère, cela suffira. » Alors la jeune femme alla trouver sa belle-mère, la mère de Bel-Heureux, et lui dit : « Je te supplie par Allah, ô ma maîtresse, de m’accorder la permission de sortir avec cette sainte vieille pour aller visiter les oualis, amis d’Allah, et leur demander leur bénédiction dans leur demeure sainte. Et je te promets d’être de retour ici avant l’arrivée de mon maître Bel-Heureux. » Alors l’épouse de Printemps répondit : « Ma fille, songe à la peine de ton maître s’il rentrait et ne te trouvait pas ! Il