Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de bel-heureux…
161

ici. Continue ta marche en l’état de ta voie ! » Mais la vieille tint bon et insista si longtemps que le bruit de sa voix parvint aux oreilles de Bel-Heureux, qui sortit pour se rendre compte de la cause de cette altercation et entendit la vieille qui disait au portier : « Comment peut-on empêcher une femme de ma condition d’entrer dans la maison de Bel-Heureux fils de Printemps, alors que les portes les plus fermées des émirs et des grands me sont toujours larges ouvertes ? »

En entendant ces paroles, Bel-Heureux sourit, selon son habitude, et pria la vieille d’entrer. Alors la vieille le suivit et arriva avec lui dans l’appartement de Belle-Heureuse. Elle lui souhaita la paix de la façon la plus sentie, et, d’un coup d’œil, elle fut stupéfaite de sa beauté.

Lorsque Belle-Heureuse vit entrer la sainte vieille, elle se hâta de se lever en son honneur et lui rendit son salam avec respect et lui dit : « Que ta venue nous soit de bon augure, ma bonne mère ! Daigne te reposer. » Mais elle répondit : « L’heure de la prière vient d’être annoncée, ma fille. Laisse-moi prier ! » Et elle se tourna aussitôt dans la direction de la Mecque, et se mit à genoux dans l’attitude de la prière. Et elle resta ainsi jusqu’au soir, sans bouger, et personne n’osait la déranger dans une fonction si auguste. Et d’ailleurs elle-même était tellement enfoncée dans l’extase, qu’elle ne prêtait aucune attention à ce qui se passait autour d’elle.

À la fin, Belle-Heureuse s’enhardit un peu et s’approcha timidement de la sainte et lui dit d’une voix