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les mille nuits et une nuit

manda : « Combien cette esclave avec sa fillette ? » Le courtier répondit : « Cinquante dinars, ni plus ni moins ! » Printemps dit : « J’achète ! Écris le contrat, et prends l’argent. » Puis, cette formalité remplie à l’heure même, le marchand Printemps dit doucement à la jeune femme : « Suis-moi, ma fille. » Et il la conduisit à sa maison.

Lorsque la fille de son oncle vit arriver Printemps avec l’esclave, elle lui demanda : « Ô fils de l’oncle, pourquoi cette dépense vraiment inutile ; car moi, à peine relevée de mes couches, je pourrai toujours tenir ta maison comme avant ! » Le marchand Printemps répondit avec aménité : « Ô fille de l’oncle, j’ai acheté cette esclave à cause de la fillette qu’elle porte sur le dos, et que nous élèverons avec notre enfant Bel-Heureux. Et sache bien qu’à en juger parce que j’ai vu de ses traits, cette petite fille en grandissant n’aura pas son égale en beauté dans tous les pays de l’Irak, de la Perse et de l’Arabie !»

Alors l’épouse de Printemps se tourna vers l’esclave et lui demanda avec bonté : « Comment t’appelles-tu ? » Elle répondit : « On me nomme Prospérité, ô ma maîtresse ! » L’épouse du marchand fut très heureuse de ce nom et dit : « Il te sied, par Allah ! Et comment s’appelle ta fille ? » Elle répondit : « Fortune. » Alors l’épouse de Printemps, à la limite de la joie, dit : « Puisses-tu dire vrai ! Et qu’Allah, avec ta venue, fasse durer la fortune et la prospérité sur ceux qui t’ont achetée, ô figure blanche ! »

Après quoi, elle se tourna vers son époux Prin-