Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 5, trad Mardrus, 1900.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
les mille nuits et une nuit

Et Schahrazade, en souriant, se tut.

Or, la petite Doniazade, aux joues si blanches d’ordinaire, avait, surtout à la fin de cette histoire, rougi à l’extrême, et ses yeux s’étaient agrandis de plaisir, de curiosité et aussi de confusion, et elle avait fini par se couvrir le visage de ses deux mains, mais en regardant au travers.

Aussi, pendant que Schahrazade, pour se refaire la voix, mouillait ses lèvres à une coupe glacée de décoction de raisins secs, Doniazade battit des mains et s’écria : « Ô ma sœur, quel dommage que cette histoire merveilleuse soit si vite finie ! C’est la première de son espèce que j’entends de ta bouche. Et je ne sais pas pourquoi je rougis comme ça ! »

Et Schahrazade, après avoir bu une gorgée, sourit à sa sœur du coin des yeux et lui dit : « Mais que sera-ce alors lorsque tu auras entendu l’Histoire de Grain-de-Beauté ?… Mais je ne le la raconterai qu’après seulement la gentille Histoire de Bel-Heureux et de Belle-Heureuse ! »

À ces paroles, Doniazade sauta de joie et d’émotion et s’écria : « Ô ma sœur, de grâce ! dis-moi d’abord, avant de commencer l’histoire de Bel-Heureux et de Belle-Heureuse, dont déjà j’aime les noms infiniment, ce que c’est que Grain-de-Beauté ! »

Et Schahrazade répondit : « Mais, ma chérie, Grain-de-Beauté est un adolescent ! »

Alors le roi Schahriar, dont la tristesse avait disparu dès les premiers mots de l’histoire de Sett Boudour, qu’il avait tout entière écoutée avec une grande attention, dit : « Ô Schahrazade, cette histoire de Boudour, je suis obligé de te l’avouer, m’a charmé et m’a réjoui et, de plus, m’a incité à mieux me rendre compte de cette mode nouvelle dont parlait Sett Boudour en prose et en vers. Si donc, dans les histoires que tu nous