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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA DEUX CENT TRENTE-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

… Sett Boudour fut prise d’un tel rire qu’elle faillit s’évanouir. Puis soudain elle devint sérieuse et reprit son ancienne voix si douce et si chantante et dit à Kamaralzamân : « Ô mon époux bien-aimé, comme tu as vite oublié nos belles nuits passées ! » Et elle se leva vivement et, jetant loin d’elle les habits masculins dont elle était vêtue et le turban, elle apparut toute nue avec sa chevelure éparse sur son dos. »

À cette vue, Kamaralzamân reconnut son épouse Boudour, fille du roi Ghaïour, maître d’El-Bouhour et d’El-Koussour. Et il l’embrassa et elle l’embrassa, et il la serra et elle le serra, puis tous deux, pleurant de joie, se confondirent en baisers sur les matelas. Et elle lui récita ces vers entre mille :

« Voici mon bien-aimé ! C’est le danseur au corps d’harmonie ! Regardez-le quand il s’avance d’un pied souple et si léger !

« Le voici ! Ne croyez pas que ses jambes se plaignent du poids énorme qui les précède et qui ferait, en vérité, une grosse charge de chameau !

« Voici mon bien-aimé ! Sur sa route pour tapis