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histoire de karamalzamân avec boudour
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dit : « Tu verras que même les anges ne sauront te donner une nuit pareille à celle-ci ! » Et le roi ajouta : « Ah ! serre-toi ! » et lui jeta les deux jambes autour des cuisses et lui dit : « Ô ! donne ta main ! Tends-la entre mes cuisses pour réveiller cet enfant et l’obliger à se lever depuis le temps qu’il est endormi ! » Et Kamaralzamân, un peu gauche tout de même, dit : « Je n’ose pas ! » Le roi dit : « Je vais t’y aider ! » Et il lui prit la main et la promena sur ses cuisses.

Alors Kamaralzamân sentit que cet attouchement des cuisses du roi était fort délicieux et plus moelleux que le toucher du beurre et bien plus doux que de la soie. Et cela lui plut beaucoup et l’entraîna à explorer tout seul le haut et le bas, et cela jusqu’à ce que sa main fût arrivée à une coupole qu’il trouva excessivement mouvementée et, en vérité, pleine de bénédictions. Mais il eut beau chercher de tous les côtés, autour et alentour, il ne put trouver le minaret ! Alors il pensa en lui-même : « Ya Allah ! tes œuvres sont cachées ! Comment peut-il y avoir une coupole sans minaret ? » Puis il se dit : « Il est probable que ce roi charmant n’est ni homme ni femme, mais un eunuque blanc. C’est bien moins intéressant ! » Et il dit au roi : « Ô roi, je ne sais pas, mais je ne trouve pas l’enfant ! »

À ces paroles, Sett Boudour fut prise d’un tel rire qu’elle faillit s’évanouir…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme toujours, se tut.