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les mille nuits et une nuit

formellement que jamais plus tu ne me demanderas la répétition de cet acte dont, d’avance, je réclame le pardon à Allah le Clément sans bornes ! » Et Sett Boudour s’écria : « Je te le promets formellement ! Et moi aussi je veux en demander la rémission à Allah miséricordieux, dont la bonté est sans limites, pour qu’il nous fasse sortir des ténèbres de l’erreur vers la lumière de la vraie sagesse ! » Puis elle ajouta : « Mais vraiment il faut absolument le faire, ne fût-ce qu’une fois, pour donner raison au poète qui a dit :

« Les gens, ô mon ami, nous accusent de choses qui nous sont inconnues, et disent de nous tout le mal qu’ils pensent.

« Viens, ami ! Soyons assez généreux pour donner raison à nos ennemis, et, puisqu’ils nous soupçonnent de cela, faisons-le au moins une fois ! Puis nous nous repentirons, si tu le veux ! Viens, ami docile, travailler avec moi à libérer la conscience de nos accusateurs ! »

Et elle se leva vivement et l’entraîna vers les larges matelas étendus sur les tapis, alors qu’il essayait un peu de s’en défendre et hochait la tête d’un air résigné en soupirant : « Il n’y a de recours qu’en Allah ! Tout n’arrive qu’avec son ordre ! » Et, comme Sett Boudour impatiente le harcelait pour qu’il se dépêchât, il se dévêtit de ses amples culottes bouffantes, puis de son caleçon de lin, et se trouva soudain renversé sur les matelas par le roi qui s’étendit contre lui et le prit dans ses bras. Et le roi lui