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histoire de karamalzamân avec boudour
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« Comme l’enfant me regardait, mon zebb se mouvementa ; alors il s’écria : « Il est énorme ! » Et je lui dis : « Il est connu comme tel ! »

« Il répliqua : « Hâte-toi de me montrer son héroïsme et sa résistance ! » Mais je lui dis : « Cela n’est point licite ! » Il répliqua : « Chez moi c’est bien licite ! Hâte-toi de le manier ! » Alors moi je le lui fis, par obéissance et politesse seulement ! »

Lorsque Kamaralzamân eut entendu ces paroles et ces vers, il vit la lumière se changer en ténèbres devant son visage, et il baissa la tête et dit à Sett Boudour : « Ô roi plein de gloire, tu as dans ton palais bien des jeunes femmes et des jeunes esclaves et des vierges fort belles, et telles que nul roi de ce temps n’en possède de semblables. Pourquoi délaisser tout cela pour ne vouloir que de moi seulement ? Ne sais-tu qu’il t’est loisible d’user avec les femmes de tout ce qui peut solliciter tes souhaits ou encourager ta curiosité et provoquer tes essais ? »

Mais Sett Boudour sourit en fermant les yeux à demi et en les tournant de côté, puis répondit : « Rien n’est plus vrai que ce que tu avances, ô mon judicieux vizir si beau ! Mais que faire, quand notre goût change de désir, quand nos autres sens s’affinent ou se transforment, et quand nos humeurs tournent leur nature ? Oui, que nous reste-t-il à faire ? Mais laissons là une discussion qui ne peut mener à rien, et écoutons ce que disent à ce sujet nos poètes les plus estimés. Voici quelques-uns seulement de leurs vers.