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les mille nuits et une nuit

cause de cela seulement. Mais, par Allah ! je ne puis accepter de remplir de pareilles fonctions. Et même je vais aller éclaircir ses projets ; et si vraiment il voulait cela de moi ou de lui, je lui rendrais sur l’heure toutes les choses qu’il m’a données et j’abdiquerais mon emploi de grand-vizir et je retournerais à mon jardin ! »

Et Kamaralzamân alla aussitôt trouver le roi et lui dit : « Ô roi fortuné, en vérité tu as comblé ton esclave d’honneurs et d’égards qu’on ne rend d’ordinaire qu’aux vénérables vieillards blanchis dans la sagesse ; et moi je ne suis qu’un jeune garçon d’entre les plus jeunes garçons. Or, si tout cela n’avait une cause inconnue, ce serait le prodige le plus immense d’entre les prodiges ! »

À ces paroles, Sett Boudour sourit et regarda Kamaralzamân avec des yeux langoureux et lui dit : « Certes, ô mon beau vizir, tout cela a une cause, et c’est l’amitié que ta beauté a soudain allumée dans mon foie. Car en vérité je suis captivé à l’extrême par ton teint si délicat et si tranquille ! » Mais Kamaralzamân dit : « Qu’Allah allonge les jours du roi ! Mais ton esclave a une épouse qu’il aime et pour laquelle il pleure toutes les nuits depuis une aventure étrange qui l’a éloigné d’elle. Aussi, ô roi, ton esclave te demande la permission de s’en aller en voyage, après avoir remis entre tes mains les charges dont tu as bien voulu l’honorer ! »

Mais Sett Boudour prit la main du jeune homme et lui dit : « Ô mon beau vizir, assieds-toi ! Qu’as-tu donc à parler encore de voyage et de départ. Reste ici près de celui qui brûle pour tes yeux et qui est