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histoire de karamalzamân avec boudour
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les notables et les chambellans ne furent point surpris en entendant le roi dire au grand-vizir : « Tu donneras à ce jeune homme cent esclaves pour le servir et tu lui fourniras des émoluments sur le trésor qui soient dignes du rang auquel je l’élève à l’instant ! » Et elle le nomma vizir d’entre les vizirs, et lui donna un train de maison, et des chevaux et des mulets et des chameaux, sans compter les coffres pleins et les armoires. Puis elle se retira.

Le lendemain Sett Boudour, toujours sous le nom de roi de l’île d’Ébène, fit venir en sa présence le nouveau vizir, et destitua de son emploi le grand-vizir ; puis elle nomma Kamaralzamân grand-vizir à sa place. Et Kamaralzamân entra aussitôt au conseil et l’assemblée fut dirigée sous son autorité.

Pourtant, lorsque le diwan fut levé, Kamaralzamân se mit à réfléchir profondément et pensa en lui-même : « Les honneurs que m’accorde ce jeune roi et l’amitié dont il m’honore ainsi devant tout le monde doivent certainement avoir une cause ! Mais quelle est cette cause ? Les marins m’ont enlevé et conduit ici sous l’inculpation d’une déchirure à un garçon, alors qu’ils me supposaient l’ancien cuisinier de ce roi. Et le roi, au lieu de me punir, m’envoie au hammam et me nomme aux emplois et tout le reste. Ô Kamaralzamân, quelle peut bien être la cause d’un événement si étrange ? »

Il réfléchit encore pendant quelques instants, puis s’écria : « Par Allah ! j’ai trouvé la cause, mais qu’Éblis soit confondu ! Sûrement, ce roi, qui est fort jeune et fort beau, doit me croire amateur de garçons ; et il ne me montre autant d’amabilité qu’à