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histoire de karamalzamân avec boudour
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mena Kamaralzamân au palais, et demanda à entrer chez le roi. Et immédiatement, comme il était attendu, il fut introduit dans la salle du trône.

Or, Sett Boudour, pour ne point se trahir, et dans son intérêt à elle et à Kamaralzamân, avait combiné un plan fort sage, surtout pour une femme.

Aussi lorsqu’elle eut regardé celui que le capitaine amenait, d’un seul coup d’œil elle reconnut son bien-aimé Kamaralzamân ; elle devint d’une pâleur extrême et jaune comme le safran. Et tous attribuèrent son changement de teint à sa colère au sujet de la déchirure de l’enfant. Elle le regarda longtemps, sans pouvoir parler, alors que lui-même, sous son vieil habit de jardinier, était à la limite de la confusion et du tremblement. Et il était loin de se douter qu’il était en présence de celle pour laquelle il avait versé tant de pleurs et éprouvé tant de peines, de chagrins et de mauvais traitements.

Sett Boudour put enfin se maîtriser et se tourna vers le capitaine et lui dit : « Tu garderas pour toi, pour prix de ta fidélité, l’argent que je t’avais donné pour les olives ! » Le capitaine embrassa la terre et dit : « Et les autres vingt pots qui sont encore dans ma cale, de cette dernière fois ? » Boudour dit : « Si tu as encore vingt pots, hâte-toi de me les envoyer. Et tu recevras mille dinars d’or ! » et elle le congédia. Puis elle se tourna vers Kamaralzamân, qui tenait les yeux baissés, et dit aux chambellans : « Prenez ce jeune homme et conduisez-le au hammam…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.