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histoire de karamalzamân avec boudour
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mêlées à des lingots et à de la poudre d’or ! Et cette surprise n’était pourtant pas exempte de désappointement, à la pensée que les olives pouvaient être gâtées par ce mélange. Aussi Boudour fit-elle apporter d’autres plateaux et vider tous les autres pots, l’un après l’autre, jusqu’au vingtième. Mais lorsque les esclaves eurent renversé ce vingtième et que le nom de Kamaralzamân eut paru sur la base, et que le talisman eut brillé au milieu des olives renversées, Boudour poussa un cri, devint toute pâle et tomba évanouie dans les bras de Haïat-Alnefous ! Elle venait de reconnaître la cornaline qu’elle portait dans le temps attachée au nœud de soie de son caleçon !

Lorsque, grâce aux soins de Haïat-Alnefous, Sett Boudour fut revenue de son évanouissement, elle prit la cornaline talismanique et la porta à ses lèvres en poussant des soupirs de bonheur ; puis pour ne point faire reconnaître son déguisement par les esclaves, elle les congédia toutes, et dit à son amie : « Voici, ô ma bien-aimée chérie, le talisman cause de ma séparation d’avec mon époux adoré. Mais, de même que je l’ai retrouvé, je pense retrouver également celui dont la venue nous remplira toutes deux de félicité ! »

Aussitôt elle envoya mander le capitaine du navire qui se présenta entre ses mains et embrassa la terre et attendit d’être questionné. Alors Boudour lui dit : « Peux-tu me dire, ô capitaine, ce que fait dans son pays le propriétaire des pots d’olives ? » Il répondit : « Il est aide-jardinier, et devait s’embarquer avec ses olives pour venir les vendre ici, quand il manqua le