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les mille nuits et une nuit

veloppa soigneusement dans un morceau de toile et l’attacha autour de son bras, pour éviter tout risque de le perdre désormais. Et il se mit à sauter de joie.

Lorsqu’il se fut calmé, il se rappela que le bon jardinier l’avait prié de déraciner un vieux caroubier qui ne donnait plus ni feuilles ni fruits. Il se ceignit donc la taille d’une ceinture de chanvre, releva ses manches, prit une cognée et une couffe et se mit immédiatement à l’œuvre, en donnant de grands coups sur les racines à fleur de terre du vieil arbre. Mais soudain il sentit le fer de l’instrument résonner sur un corps métallique et résistant, et il entendit comme un bruit sourd qui se prolongeait sous terre. Il écarta alors vivement la terre et les cailloux et mit ainsi à découvert une grande plaque de bronze qu’il se hâta d’enlever. Alors il trouva un escalier, taillé dans le roc, de dix marches assez hautes ; et après avoir prononcé les paroles propitiatoires « la ilah ill’Allah » il se hâta de descendre et vit un large caveau carré, de construction fort ancienne, des temps reculés de Thammoud et d’Aâd ; et dans ce grand caveau voûté il trouva vingt énormes vases, rangés en bon ordre de chaque côté. Il souleva le couvercle du premier et vit qu’il était entièrement rempli de lingots d’or rouge ; il souleva alors le second couvercle, et trouva que le second vase était entièrement rempli de poudre d’or. Il ouvrit alors les dix-huit autres et les trouva remplis de lingots et de poudre d’or, alternativement.

Kamaralzamân, remis de sa surprise, sortit alors du caveau, replaça la plaque, acheva son travail, arrosa les arbres selon l’habitude qu’il avait prise