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les mille nuits et une nuit

demander de lui montrer le sang de ma virginité ? » Boudour sourit et dit : « La chose est facile ! » Et elle alla en cachette prendre un poulet et l’égorgea et barbouilla de son sang les cuisses de la jeune fille et les serviettes, et lui dit : « Tu n’auras qu’à leur montrer cela ! Car la coutume s’arrête là et ne permet pas de recherches plus profondes. » Elle lui demanda : « Ma sœur, mais pourquoi ne veux-tu pas me l’enlever toi-même, par exemple avec le doigt ? » Boudour répondit : « Mais, mon œil, parce que je te réserve, comme je te l’ai dit, à Kamaralzamân ! »

Là-dessus, Haïat-Alnefous fut satisfaite tout à fait, et Sett Boudour sortit présider la séance de justice.

Alors entrèrent chez leur fille le roi et la reine, prêts à éclater de fureur, contre elle et contre son époux, si tout n’était pas consommé. Mais à la vue du sang et des cuisses rougies, ils s’épanouirent tous deux et se dilatèrent et ouvrirent toutes grandes les portes de l’appartement. Alors entrèrent toutes les femmes, et éclatèrent les cris de joie et les « lu-lu-lu » de triomphe ; et la mère, à la limite de la fierté, mit sur un coussin de velours les serviettes rougies, et, suivie de tout le cortège, fit ainsi le tour du harem. Et tout le monde apprit de la sorte l’heureux événement ; et le roi donna une grande fête et fit immoler, pour les pauvres, un nombre considérable de moutons et de jeunes chameaux.

Quant à la reine et aux invitées, elles rentrèrent chez la jeune Haïat-Alnefous, et la baisèrent chacune entre les deux yeux, en pleurant, et restèrent avec elle jusqu’au soir, après l’avoir conduite