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les mille nuits et une nuit

sur ses genoux et lui narra toute son histoire depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais il n’y a point d’utilité à la répéter.

Lorsque la petite Haïat-Alnefous eut entendu cette histoire, elle fut à la limite de l’émerveillement et, comme elle était toujours assise dans le sein de Sett Boudour, elle lui prit le menton dans sa petite main et lui dit : « Ô ma sœur, quelle vie délicieuse nous allons vivre ensemble en attendant le retour de ton bien-aimé Kamaralzamân ! Fasse Allah hâter son arrivée, afin que notre bonheur soit complet ! » Et Boudour lui dit : « Qu’Allah entende tes vœux, ma chérie, et moi je te donnerai à lui comme seconde épouse, et tous trois nous serons ainsi dans la plus parfaite félicité ! » Puis elles s’embrassèrent longuement et jouèrent ensemble à mille jeux, et Haïat-Alnefous s’étonnait de tous les détails de beauté qu’elle trouvait en Sett Boudour. Elle lui prenait les seins et disait : « Ô ma sœur, comme tes seins sont beaux ! Begarde ! Ils sont bien plus gros que les miens ! Tu vois comme ils sont petits, les petits miens ! Crois-tu qu’ils grandiront ? » Et elle la détaillait partout et elle l’interrogeait sur les découvertes qu’elle faisait ; et Boudour, entre mille baisers, lui répondait en l’instruisant avec une clarté parfaite, et Haïat-Alnefous s’exclamait : « Ya Allah ! je comprends maintenant ! Imagine-toi que lorsque je demandais aux esclaves : « À quoi sert ceci ? à quoi sert cela ? » ils clignaient de l’œil mais ne répondaient pas ! D’autres, à ma grande fureur, claquaient de la langue, mais ne répondaient pas ! Et moi, de rage, je m’égratignais les joues et je criais de plus