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histoire de karamalzamân avec boudour
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Elle répondit, déjà frissonnante sous le baiser : « Je ne sais pas ! Mais beaucoup ! » Elle lui demanda encore : « Puisque tu m’aimes tant que cela, aurais-tu été heureuse si, au lieu d’être ton époux, j’avais été seulement ton frère ? » L’enfant battit des mains et répondit : « Je serais morte de bonheur ! » Boudour dit : « Et si j’avais été, ma gentille, non pas ton frère, mais ta sœur ; si j’avais été comme toi une jeune fille, au lieu d’être un jeune homme, m’aurais-tu autant aimée ? » Haïat-Alnefous dit : « Encore plus, parce que j’aurais été toujours avec toi, j’aurais toujours joué avec toi, couché dans le même lit que toi, sans que nous nous séparions jamais ! » Alors Boudour attira la jeune fille tout contre elle et lui couvrit les yeux de baisers et lui dit : « Eh bien, Haïat-Alnefous, serais-tu capable de garder pour toi seule un secret, et de me donner ainsi une preuve de ton amour ? » La jeune fille s’écria : « Puisque je t’aime, tout m’est facile ! »

Alors Boudour prit l’enfant dans ses bras et la tint sous ses lèvres à en perdre toutes deux la respiration, puis elle se leva, toute droite, et dit : « Regarde-moi, Haïat-Alnefous, et sois donc ma sœur ! »

Et, en même temps, d’un geste rapide elle entr’ouvrit sa robe, depuis le col jusqu’à la ceinture, et fit saillir deux seins éclatants couronnés de leurs roses ; puis elle dit : « Comme toi, ma chérie, je suis femme, tu le vois ! Et si je me suis déguisée en homme, c’est à la suite d’une aventure étrange extrêmement et que je vais te raconter sans retard ! »

Alors elle s’assit de nouveau, prit la jeune fille