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histoire de karamalzamân avec boudour
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Elle répondit : « Mais pas du tout ! Je me suis bien reposée dans les bras de mon bel époux, qui cette fois m’a mise toute nue et m’a baisée sur tout le corps par petits baisers délicats. Ya Allah ! que c’était délicieux ! J’avais partout des fourmillements nombreux et des frissons ! Pourtant il m’a bien fait peur un moment en me disant qu’il me manquait un doigt ! Mais il plaisantait seulement. Aussi ses caresses m’ont-elles ensuite donné tant de plaisir, et ses mains étaient si douces sur ma peau nue, et ses lèvres sur mes lèvres je les sentais si chaudes et si pleines que je me suis ainsi oubliée jusqu’au matin, me croyant au paradis ! »

Alors la mère lui demanda : « Mais où sont les serviettes ? As-tu perdu beaucoup de ton sang, ma chérie ? » Et la jeune fille, étonnée, répondit ; « Je n’ai rien perdu du tout ! »

À ces paroles, le père et la mère, à la limite du désespoir, se frappèrent le visage, en s’écriant : « Ô notre honte ! ô notre malheur ! Pourquoi ton époux nous méprise-t-il, et te dédaigne-t-il à ce point ?

Puis le roi peu à peu entra dans une grande colère et se retira en criant à son épouse d’une voix assez forte qui fut entendue de la petite : « Si la nuit prochaine Kamaralzamân ne remplit pas son devoir en prenant la virginité de notre fille et en sauvant ainsi notre honneur à tous, je saurai bien châtier son indignité ! Je le chasserai du palais, après l’avoir fait descendre du trône que je lui ai donné, et je ne sais même si je ne lui infligerai pas un châtiment encore plus terrible ! » Ayant dit ces paroles, le roi Armanos sortit de la chambre de sa fille consternée, suivi de