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les mille nuits et une nuit

Sett Boudour prit les petites mains de la fillette dans ses mains et se pencha lentement et la baisa sur la bouche. Et Haïat-Alnefous n’osa pas lui rendre ce baiser si délicieux, mais ferma les yeux complètement et poussa un soupir de félicité profonde. Et Sett Boudour lui prit la tête dans la courbe de ses bras, l’appuya contre sa poitrine, et, à mi-voix, lui chanta doucement des vers d’un rythme si berceur que l’enfant peu à peu s’assoupit avec, sur les lèvres, un sourire heureux.

Alors Sett Boudour lui enleva ses voiles et ses ornements, la coucha, et s’étendit près d’elle en la prenant dans ses bras. Et toutes deux s’endormirent ainsi jusqu’au matin.

À peine réveillée, Sett Boudour, qui s’était couchée avec presque tous ses vêtements et même avec son turban, se hâta de faire promptement de sommaires ablutions, vu qu’elle prenait ailleurs des bains nombreux en secret pour ne pas se trahir, s’orna de ses attributs royaux, et alla à la salle de justice recevoir les hommages de toute la cour, régler les affaires, supprimer les abus, nommer et destituer. Entre autres suppressions qu’elle jugea urgentes, elle abolit les octrois, les douanes et les prisons, et distribua de grandes largesses aux soldats, au peuple et aux mosquées. Aussi l’aimèrent beaucoup tous ses nouveaux sujets et firent des vœux pour sa prospérité et sa longue vie.

Quant au roi Armanos et à son épouse, ils se hâtèrent d’aller prendre des nouvelles de leur fille Haïat-Alnefous, et lui demandèrent si son époux avait été bien gentil, et si elle n’était pas trop fati-