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les mille nuits et une nuit

tu rends la force à nos corps ; et nos âmes par toi s’allègent et se refont.

Ô hammam, mon ami ! Ah ! tiédeur d’air, fraîcheur de bassins, bruit d’eau, lumière de haut, marbres purs, salles d’ombre, odeurs d’encens et de corps parfumés, je vous adore !

Tu brûles sans cesse d’une flamme qui jamais ne s’éteint, et tu restes frais à la surface et plein de ténèbres douces ! Tu es sombre, hammam, malgré le feu, comme mon âme et mes désirs. Ô hammam ! »

Puis il regarda les adolescents, laissa un instant son âme vagabonder dans le jardin de leur beauté et, s’en étant inspiré, il récita ces deux strophes à leur intention :

« J’allai à leur demeure, et, dès la porte, je fus reçu d’un visage gentil et d’un œil plein de sourires.

Je goûtai toutes les délices de leur hospitalité et sentis la douceur de leur feu ! Comment ne serais-je pas l’esclave de leurs charmes ! »

À l’audition de ces vers et de ce chant, ils furent extrêmement charmés et émerveillés de l’art du cheikh. Aussi le remercièrent-ils avec effusion et, comme le soir tombait, ils l’accompagnèrent jusqu’à la porte du hammam et, bien qu’il eût beaucoup insisté auprès d’eux pour leur faire accepter son invitation à un repas dans sa maison, ils s’excusèrent et, ayant pris congé de lui, ils s’éloignèrent, tandis que le vieux cheikh s’immobilisait à les regarder encore.