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les mille nuits et une nuit

serviettes chaudes, puis avec les serviettes fraîches et parfumées, et l’habillèrent et l’assirent sur l’estrade où ils lui offrirent des sorbets au musc et à l’eau de roses.

Alors le cheikh fit semblant de prendre intérêt à la conversation du vizir, mais en réalité il n’avait d’attention et de regards que pour les deux adolescents qui allaient et venaient, gracieux, pour le servir. Et, comme le vizir lui faisait les souhaits d’usage après le bain, il répondit : « Quelle bénédiction est entrée avec vous autres dans notre ville ! Et quel bonheur que votre arrivée ! » Et il leur récita cette strophe :

« À leur venue, nos collines ont reverdi et notre sol a tressailli et refleuri. Et la terre et les habitants de la terre ensemble se sont écriés : « Aisance douce et amitié aux hôtes charmants ! »

Et tous les trois le remercièrent pour son exquise urbanité ; et il répliqua : « Qu’Allah vous assure à tous la vie la plus agréable et préserve, ô marchand illustre, tes beaux enfants du mauvais œil ! » Le vizir dit : « Et que le bain te soit, par la grâce d’Allah, un redoublement de force et de santé ! Car, ô vénérable cheikh, n’est-ce point que l’eau est le vrai bien de la vie en ce monde et le hammam un séjour de délices ? » Le cheikh du souk dit : « Certes, par Allah ! Aussi que de poèmes admirables le hammam n’a-t-il pas inspirés aux grands poètes ! N’en connaissez-vous point quelques-uns ? » Diadème, le premier, s’écria : « Si j’en connais ? Écoutez ceux-ci :