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histoire du roi omar … (donia, diadème)
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Ils crurent y saisir une délicate louange à leur intention, et ils en furent très touchés et le remercièrent et voulurent à toute force l’entraîner avec eux au hammam, pour lui faire plaisir, puisque c’était là la plus grande marque d’amitié. Et le vieux du souk, après quelques difficultés pour la forme, accepta en étincelant de désir dans son âme et reprit avec eux le chemin du hammam.

Lorsqu’ils furent entrés, le vizir, qui se séchait dans une des salles privées, les vit ; et, en apercevant le cheikh, il sortit au devant d’eux et s’avança vers le bassin central, où ils s’étaient arrêtés, et invita chaleureusement le cheikh à entrer dans sa salle à lui ; mais le vieillard ne voulait point, disait-il, abuser de tant de bonté, d’autant que Diadème et Aziz le tenaient chacun par une main et l’entraînaient déjà vers la salle qu’ils s’étaient réservée. Alors le vizir n’insista pas et rentra se sécher.

Une fois seuls, Aziz et Diadème déshabillèrent le vénérable cheikh et se dévêtirent eux-mêmes complètement et commencèrent par le masser énergiquement, pendant qu’il coulait vers eux, d’en dessous, des regards furtifs ; puis Diadème jura que c’était à lui seul que revenait l’honneur de le savonner, et Aziz jura qu’il lui restait, à lui, le plaisir de lui verser l’eau avec le petit bassin de cuivre. Et, entre eux deux, le vieux cheikh se croyait transporté au paradis.

Et ils ne cessèrent de la sorte de le frictionner, savonner et de lui verser l’eau, qu’une fois le vizir arrivé au milieu d’eux, à la grande désolation du vieux cheikh. Alors ils l’épongèrent avec les grandes