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les mille nuits et une nuit

son corps où se marient la limpidité de l’eau et l’or de la lumière !

Il alla donc au devant d’eux et leur dit : « Enfants, puissiez-vous vous être délectés de ce bain ! Et qu’Allah ne vous en prive jamais et vous le renouvelle éternellement ! » Et Diadème répondit de sa manière la plus charmante et avec une intonation parfaitement gentille : « Nous eussions souhaité partager avec toi ce plaisir ! » Et tous deux l’entourèrent respectueusement et, par déférence pour son âge et pour son rang de cheikh du souk, ils marchèrent devant lui, lui ouvrant la route, et prirent le chemin de leur boutique.

Or, comme ils marchaient ainsi les premiers, le vieux cheikh remarquait combien gracieuse était leur démarche et comme leur croupe frémissait sous la robe et tressaillait de leurs pas. Alors il ne put plus comprimer ses élans, et ses yeux étincelèrent, et il souffla et renifla, et il récita ces strophes au sens compliqué :

« Il n’y a point à s’étonner si, examinant les formes qui charment notre cœur, nous les voyons frémir, bien que massives de poids.

Car toutes les sphères du ciel tressaillent en tournoyant et tous les globes frémissent au mouvement. »

Lorsque les deux adolescents eurent entendu ces vers, ils furent loin d’en deviner le sens et de soupçonner la lubricité du vieux cheikh. Au contraire !