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les mille nuits et une nuit

jeunes filles ; et il préférait de beaucoup le goût acide des petits.

Donc il pensa en lui-même : « Gloire et louange à Celui qui les a créés et les a modelés, et d’une matière sans vie a formé pareille beauté ! » Et il se leva et les servit mieux qu’un esclave ne l’eût fait pour ses maîtres, et se consacra entièrement à leurs ordres. Et il se hâta de les emmener tous trois et de leur faire visiter les boutiques disponibles, et il finit par leur en choisir une au milieu même du souk. Cette boutique était la plus belle de toutes, la plus claire, le plus vaste et la mieux exposée aux regards ; elle était coquettement bâtie, ornée de devantures en bois ouvragé et d’étagères superposées et alternées, en ivoire, en ébène et en cristal ; et la rue à l’entour était bien balayée et bien arrosée ; et, la nuit, le gardien du souk stationnait de préférence devant sa porte. Et le cheikh, aussitôt le prix débattu, remit les clefs de la boutique au vizir, en lui disant : « Qu’Allah la rende une boutique prospère et bénie, sous les auspices de ce jour de blancheur, entre les mains de tes enfants ! »

Alors le vizir fit porter et ranger dans la boutique les marchandises de valeur, les belles étoffes, les brocarts et tous les trésors inestimables qui sortaient des armoires du roi Soleïmân-Schah. Et, ce travail une fois terminé, il emmena les deux adolescents prendre un bain au hammam situé à quelques pas, près de la grande porte du souk, hammam fameux pour sa propreté et ses marbres luisants et où l’on accédait par cinq marches où étaient rangées les socques de bois, en bon ordre.