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histoire du roi omar … (donia, diadème)
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salams, demanda : « Ô marchands, quel est d’entre vous celui qui est le grand cheikh du souk ? » Ils répondirent : « Le voici ! » Et le vizir regarda le marchand qu’on lui désignait, et vit que c’était un grand vieillard à la barbe blanche, à la mine respectable et à la figure souriante, qui se hâta aussitôt de leur faire les honneurs de sa boutique, avec de cordiaux souhaits de bienvenue, et qui les invita à s’asseoir sur le tapis, à ses côtés, et leur dit : « Je suis prêt à vous rendre tout service souhaité ! »

Alors le vizir dit : « Ô cheikh plein d’urbanité, voilà déjà des années que moi, avec ces deux enfants, je voyage par les villes et les contrées pour leur faire voir les peuples divers, compléter leur instruction, leur apprendre à vendre et à acheter et à tirer leur profit des usages et des mœurs des habitants. Et c’est dans ce but que nous venons nous établir ici pour quelque temps ; afin que mes enfants se réjouissent la vue de toutes les belles choses de cette ville et apprennent de ceux qui l’habitent la douceur des manières et la politesse. Nous te prions donc de nous faire louer une boutique spacieuse, bien située, pour que nous y exposions les marchandises de notre pays lointain. »

À ces paroles, le cheikh du souk répondit : « Certes ! il m’est fort agréable de vous satisfaire. » Et il se tourna vers les adolescents pour les mieux regarder et de ce seul coup d’œil il fut dans un saisissement sans bornes, tant leur beauté l’avait ému. Car ce cheikh du souk adorait ouvertement et à la folie les beaux yeux des adolescents, et sa prédilection allait à l’amour des jeunes garçons plutôt qu’à celui des