Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
les mille nuits et une nuit

pour toi, prince Diadème, en qualité de marchand, une grande boutique dans le souk même des soieries. Et tu resteras toi-même à l’entrée de la boutique pour vendre et montrer, alors qu’Aziz se tiendra au fond de la boutique pour te passer les étoffes et les dérouler. Et, de la sorte, comme tu es parfaitement beau, et qu’Aziz ne l’est pas moins, en peu de temps la boutique sera la plus achalandée de tout le souk. » Et Diadème répondit : « L’idée est admirable ! » Et vêtu, comme il était, de sa belle robe de riche marchand, il pénétra dans le grand souk des soieries suivi d’Aziz, du vizir et de tous ses serviteurs.

Lorsque les marchands du souk virent passer Diadème, ils furent complètement éblouis de sa beauté et cessèrent de s’occuper de leurs clients ; et ceux qui coupaient les étoffes tinrent leurs ciseaux en l’air ; et ceux qui achetaient négligeaient leurs achats. Et tous à la fois se demandaient : « Est-ce que, par hasard, le portier Radouân, qui a les clefs des jardins du ciel, aurait oublié de fermer les portes, que soit ainsi descendu sur terre ce céleste adolescent ? » Et d’autres s’exclamaient sur son passage : « Ya Allah ! que tes anges sont beaux ! »

Arrivés au milieu du souk, ils s’informèrent de l’endroit où se tenait le grand cheikh des marchands, et se dirigèrent vers la boutique qu’on se hâta de leur montrer. Lorsqu’ils y arrivèrent, tous ceux qui étaient assis se levèrent en leur honneur, en pensant : « Ce vieillard vénérable est le père de ces deux adolescents si beaux ! » Et le vizir, après les