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les mille nuits et une nuit

pouvoir m’en guérir, la longueur d’une année. Alors seulement je songeai au départ, pour aller à la recherche de la princesse Donia, dans les Îles du Camphre et du Cristal. Et ma mère m’encouragea beaucoup à voyager, me disant : « Le voyage, mon enfant, te distraira et fera s’évanouir tes chagrins. Et justement il y a dans notre ville une caravane de marchands qui s’apprête au départ ; joins-toi à elle, achète ici des marchandises et pars. Puis, au bout de trois ans, tu reviendras avec la même caravane. Et tu auras oublié tout ce deuil qui pèse sur ton âme ! Et je serai alors heureuse de te voir la poitrine dilatée de nouveau ! »

Je fis donc ce que me disait ma mère et, ayant acheté des marchandises de prix, je me joignis à la caravane, et je me mis à voyager partout avec elle, mais sans avoir le courage d’étaler ma marchandise comme mes compagnons. Au contraire ! chaque jour je m’asseyais à l’écart et je prenais l’étoffe, souvenir d’Aziza, et l’étendais devant moi, et la regardais longtemps en pleurant. Et cet état continua de la sorte jusqu’à ce que, au bout d’une année de voyages, nous eussions atteint les frontières du royaume où régnait le père de la princesse Donia. C’étaient les Sept Îles du Camphre et du Cristal.

Or, le roi de ces terres, ô prince Diadème, s’appelle le roi Schahramân. Et c’était bien lui, en effet, le père de la Sett-Donia qui savait broder avec tant d’art les gazelles en question sur les étoffes de soie qu’elle envoyait à ses amies.

Mais moi, en arrivant dans ce royaume, je pensai : « Ô Aziz, pauvre infirme, à quoi désormais peuvent