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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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cela ! Pour le moment je suis tout entier plein de la pensée de la pauvre Aziza ; et je ne saurais consacrer ma douleur à d’autres souvenirs que les siens. Ah ! pauvre Aziza si délaissée par moi, toi qui m’aimais vraiment, pardonne au misérable qui t’a torturée, maintenant qu’il est puni, et au-delà, de ses fautes et de ses trahisons ! »

Or, ma mère remarquait l’étendue et la vérité de ma douleur ; mais elle se taisait ; pour le moment, elle se hâta de panser mes blessures et de m’apporter de quoi restaurer mes forces. Puis, ces soins une fois donnés, elle continua à me prodiguer les marques de sa tendresse, et à veiller à mes côtés, en me disant : « Qu’Allah soit béni, mon enfant, de ce que de pires calamités ne te soient pas arrivées, et que tu aies la vie sauve ! » et cela jusqu’à ce que je fusse complètement rétabli, tout en restant malade de mon âme et de mes souvenirs.

Alors ma mère, un jour, après notre repas, vint s’asseoir à côté de moi et me dit d’un ton pénétré : « Mon fils, je juge que pour moi le temps est venu de te remettre le souvenir d’adieu que m’avait confié à ton intention la pauvre Aziza : avant de mourir, elle m’a fait la recommandation de ne te le donner que lorsque j’aurais constaté chez toi de véritables marques de son deuil et vérifié que tu as définitivement délaissé les liens illégitimes où tu étais pris ! » Puis elle ouvrit un coffre et en tira un paquet, qu’elle défit pour y prendre l’étoffe précieuse sur laquelle est brodée la seconde gazelle que tu as devant tes yeux, prince Diadème ! Et tu vois ces vers qui s’y entrelacent en bordure :