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les mille nuits et une nuit

Après quoi elle me regarda et me dit : « Mais pour toi, qui dois ainsi le salut à ces paroles d’Aziza, ne te crois pas tout à fait quitte pour cela ; car il me faut absolument me venger de toi et de la coquine dévergondée qui t’a retenu loin de moi ; et dans ce double but je vais me servir du vrai moyen, du seul moyen ! Hé ! vous autres ! » Et, ayant ainsi hélé ses esclaves, elle leur dit : « Pesez bien sur lui, et empêchez-le de bouger, et liez-lui solidement les pieds ! » Et cela fut immédiatement exécuté. Alors elle se leva et alla mettre sur le feu une poêle en cuivre rouge dans laquelle elle mit de l’huile et du fromage mou ; et elle attendit que le fromage eût fondu dans l’huile bouillante pour revenir vers moi toujours étendu par terre et maintenu par les femmes esclaves. Elle s’approcha et se baissa et me défit mon caleçon ; alors de cet attouchement un grand frisson me traversa par nappes de terreur et de honte : je devinai ce qui allait se passer. M’ayant donc mis le ventre à nu, elle saisit mes œufs et, avec une corde cirée, les attacha à la racine même ; puis elle donna les deux bouts de la corde à deux de ses esclaves et leur commanda de tirer avec énergie, alors qu’elle-même, un rasoir entre les doigts, d’un seul coup de tranchant, fauchait mon mâle, auquel elle en voulait spécialement.

Tu juges, prince Diadème, si la douleur et le désespoir me firent m’évanouir. Tout ce que je sais, après cela, c’est que, lorsque je revins de mon évanouissement, je me vis le ventre aussi net que celui d’une femme ; et les esclaves étaient en train d’appliquer sur ma blessure l’huile bouillie au