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les mille nuits et une nuit

l’admirable Aziza — qu’Allah ait en sa miséricorde ! Et penses-tu que moi aussi je vais me laisser mourir de chagrin pour tes infidélités ! Ah ! perfide Aziz ! maintenant nul ne te sauvera de mes mains. Et je n’ai plus aucune raison de t’épargner, puisque tu n’es plus bon à rien, toi qui as maintenant une épouse et un enfant. Car moi, les hommes mariés, je les ai en horreur ; et je ne me délecte qu’avec les célibabataires ! Par Allah ! désormais tu ne peux plus me servir ; tu n’es plus mien ; et je ne veux pas non plus que tu appartiennes à qui que ce soit ! Attends un peu ! »

À ces paroles dites d’un accent terrible, tandis que les yeux de la jeune femme me perforaient déjà, je fus pris d’une certaine appréhension de ce qui allait m’arriver. Car soudain, et avant que j’eusse le temps de la réflexion, dix jeunes esclaves femmes, plus solides que des nègres, se précipitèrent sur moi et me jetèrent à terre et m’immobilisèrent. Alors elle se leva et prit un coutelas effroyable et me dit : « Nous allons t’égorger comme on égorge les boucs trop salaces ! Et je vais ainsi me venger et venger, par la même occasion, la pauvre Aziza dont tu as fait éclater le foie de chagrin rentré ! Aziz, tu vas mourir, fais ton acte de croyant ! » Et, en me disant ces paroles, elle appuyait son genou sur mon front cependant que ses esclaves ne me permettaient même pas de respirer. Aussi je n’eus plus aucun doute sur ma mort, surtout…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.