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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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était changé ! Ses yeux étaient humides de larmes et son visage, si triste ! Et soudain elle me vit devant elle. Et elle sursauta, puis essaya de se lever, mais elle retomba d’émotion. Enfin elle put parler, et me dit d’un ton pénétré : « Louange à Allah pour ton arrivée, ô Aziz ! »

Or, moi, vraiment, devant cette joie inconsciente de mes infidélités, je fus extrêmement confus et je baissai la tête ; mais je ne tardai pas à m’avancer vers mon amie et, l’ayant embrassée, je lui dis : « Comment as-tu pu deviner ma venue ce soir ? » Elle répondit : « Par Allah ! je ne savais rien de ta venue. Mais, depuis un an, toutes les nuits je t’attends ici même, et je pleure solitaire et me consume. Vois comme je suis changée par les veilles et les insomnies. Et je suis ainsi à t’attendre depuis le jour où je t’ai donné la robe en soie toute neuve et où je t’ai fait promettre de revenir. Ah ! dis-moi, Aziz, la cause qui t’a retenu si longtemps loin de moi ! »

Alors moi, ô prince Diadème, naïvement je lui racontai en détail toute mon aventure, et mon mariage avec l’adolescente aux belles cuisses. Puis je lui dis : « D’ailleurs, je dois te prévenir que je n’ai que cette seule nuit à passer avec toi, car avant le matin je dois être de retour chez mon épouse, qui m’a fait prêter serment sur les trois choses saintes ! »

Lorsque la jeune femme eut appris que j’étais marié, elle pâlit, puis resta immobile d’indignation ; et elle put enfin s’écrier : « Misérable ! j’ai été la première ô te connaître et tu ne m’accordes même pas une nuit entière ; ni à ta mère non plus ! T’imagines-tu donc que je sois aussi douée de patience que