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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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les preuves de ton savoir dans ce métier du coq dont nous nous entretenions hier encore ! » Et elle se mit à rire. Et moi aussi je me mis à rire. Et je ne pus alors que lui obéir et me conformer à ses désirs.

Je restai donc dans cette demeure à exercer mon métier de coq, à manger, à boire et à faire l’amour dur, sec et longtemps, durant la longueur d’une année entière de douze mois. Aussi, au bout de l’année, elle était bien fécondée et accouchait d’un enfant. Et c’est alors seulement que, pour la première fois, j’entendis le bruit de la porte qui criait sur ses gonds. Et dans mon âme je poussai un profond « Ya Allah ! » de délivrance.

Une fois la porte ouverte, je vis entrer une quantité de serviteurs et de porteurs qui venaient chargés de nourritures fraîches pour l’année suivante : des charges entières de pâtisseries, de farine, de sucre, et autres provisions de ce genre. Alors moi je bondis et voulus m’en aller au plus vite vers la rue et la liberté. Mais elle me retint par le pan de ma robe et me dit : « Aziz, ingrat Aziz, attends au moins, jusqu’au soir, l’heure exacte où tu es entré chez moi il y a un an ! » Et moi je voulus bien patienter encore. Mais à peine le soir venu, je me levai et me dirigeai vers la porte. Alors elle m’accompagna jusqu’au seuil et ne me laissa partir que lorsqu’elle m’eut fait faire le serment de retourner chez elle avant que la porte ne fût refermée au matin. Et je ne pouvais d’ailleurs que m’exécuter, car je lui prêtai serment sur le Glaive du Prophète (sur lui la paix et la prière !), sur le Livre et sur le Divorce !

Je sortis donc enfin et me dirigeai en hâte vers la