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les mille nuits et une nuit

Alors, comme je me disposais à m’en aller, elle vint à moi avec un rire malin et me dit : « Où vas-tu ? Crois-tu donc, comme ça, que la porte de sortie est aussi large ouverte que la porte d’entrée ! Aziz, détrompe-toi, naïf Aziz ! Et surtout ne me prends pas pour la fille de Dalila-la-Rouée ! Ah oui ! Hâte-toi de délaisser cette injurieuse pensée, Aziz ! Oublies-tu donc que tu m’es légitimement uni par un mariage avec contrat, confirmé par la Sunna ? Si tu es ivre, Aziz, dégrise-toi ! Et rentre dans ta raison. Regarde ! La porte de cette demeure, où nous sommes, ne s’ouvre qu’une fois l’an pour un jour seulement. Lève-toi, d’ailleurs, et va contrôler mes paroles ! »

Alors moi je me levai, effaré, et me dirigeai vers la grande porte ; et, l’ayant examinée, je constatai qu’elle était verrouillée, barrée, clouée et condamnée définitivement. Et je m’en retournai vers l’adolescente et lui dis qu’en effet la chose était exacte. Elle sourit, heureuse, et me dit : « Aziz, sache qu’ici en abondance nous avons de la farine, des grains, des fruits frais et secs, des grenades à l’écorce desséchée, du beurre, du sucre, des confitures, des moutons, des poulets et autres choses semblables, de quoi nous suffire pendant un nombre appréciable d’années. De plus, je suis maintenant aussi sûre de ton séjour ici, avec moi, l’espace d’une année, que de l’existence de tout cela ! Résigne-toi donc et laisse cet air et ce visage de travers ! » Alors moi je soupirai : « Il n’y a de recours et de puissance qu’en Allah ! » Elle dit : « Mais de quoi te plains-tu donc, imbécile ? Et qu’as-tu à soupirer, du moment que tu m’as donné