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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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exaucés et au-delà : richesses, belles étoffes pour tes robes, turbans légers et immaculés, tout cela le viendra sans dépense de ta part ; et jamais je ne te permettrai de délier ta bourse, car chez moi le pain est toujours frais et la coupe remplie. Et, en retour, je ne te demanderai qu’une seule chose, ô Aziz ! » Je dis : « Laquelle ? » Elle dit : « C’est que tu fasses avec moi exactement ce que fait le coq ! » Je dis, étonné : « Et que te fait donc le coq ? »

À ces paroles, la jeune fille eut un retentissant éclat de rire et si fort qu’elle se renversa sur son derrière ; et elle se mit à trépider de joie en frappant ses mains l’une contre l’autre. Puis elle me dit : « Comment ! tu ne connais pas le métier du coq ? » Je dis : « Non, par Allah ! je ne connais point ce métier ! Quel est-il ? » Elle dit : « Le métier du coq, ô Aziz, est de manger, de boire et de copuler ! ».

Alors moi je fus vraiment tout à fait confus de l’entendre ainsi parler, et je dis : « Non, par Allah ! je ne savais point que ce fût là un métier ! » Elle répondit : « C’est le meilleur, ô Aziz ! Hardi donc ! Lève-toi, ceins ta taille, fortifie tes reins et puis fais-le dur, sec et longtemps ! » Et elle cria à sa mère : « Ô ma mère, viens vite ! »

Aussitôt je vis entrer la mère, suivie de quatre témoins officiels, tenant chacun un flambeau allumé, et ils s’avancèrent, après les salams d’usage, et s’assirent en rond.

Alors la jeune fille se hâta, selon la coutume, d’abaisser son voile sur son visage et de s’entourer de l’izar[1]. Et les témoins s’empressèrent d’écrire

  1. Grand voile.