Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
les mille nuits et une nuit

par ses bienfaits, ô Aziz ! Je vois clairement à présent que tu ne dois ton salut d’entre les mains de la fille de Dalila-la-Rouée qu’à l’intervention de la pauvre Aziza ! Maintenant que tu l’as perdue, garde-toi bien des embûches de la perfide… Mais il ne m’est pas permis de t’en révéler davantage : le secret nous lie ! » Je dis : « Oui, certes ! tout cela m’est arrivé avec Aziza ! » Elle dit : « Ah ! vraiment, il n’y a plus aujourd’hui de femmes aussi admirables qu’Aziza ! » Je dis : « Bien plus, sache qu’avant de mourir elle me recommanda de dire à mon amoureuse, celle que tu appelles la fille de Dalila, ces simples paroles : « Que la mort est douce et préférable à la trahison ! » À peine venais-je de prononcer ces mots qu’elle s’écria : « Ô Aziz, voilà justement les paroles dont le simple effet te sauva d’une perdition certaine. Vivante ou morte, Aziza continue à veiller sur toi ! Mais laissons les morts : ils sont dans la paix d’Allah. Nous, occupons-nous du présent : sache donc, ô Aziz, qu’il y a longtemps que le désir de t’avoir à moi me possède toute, la nuit comme le jour ; et c’est aujourd’hui seulement que j’ai pu enfin mettre la main sur toi. Et tu vois que j’ai réussi ! » Je répondis : « Oui, par Allah ! » Elle continua : « Mais tu es jeune, ô Aziz, et tu ne te doutes pas de toutes les roueries dont est capable une vieille femme comme ma mère ! » Je dis : « Non, par Allah ! » Elle continua : « Résigne-toi donc à ta destinée et laisse-toi faire : tu n’auras qu’à te louer de ton épouse. Car, encore une fois, je ne veux m’unir avec toi que par contrat légitime devant Allah et son Prophète (sur lui la prière et la paix !). Et tous tes souhaits seront alors