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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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avec moi, et tu seras ainsi débarrassé de la fille de Dalila-la-Rouée ! » Je dis : « Mais qui est donc cette fille de Dalila-la-Rouée ? Je ne connais personne de ce nom. » Alors elle se mit à rire et me dit : « Comment, Aziz ! Tu ne connais pas la fille de Dalila-la-Rouée ? Et voilà déjà un an et quatre mois qu’elle est ton amante ! Pauvre Aziz, crains, oh ! crains les perfidies de cette coquine qu’Allah confonde ! En vérité, il n’y a pas sur terre âme plus corrompue que la sienne ! Que de victimes tuées de sa propre main ! Que de crimes commis sur ses nombreux amoureux ! Aussi suis-je bien étonnée de te voir encore sain et sauf toi-même, depuis le temps que tu la connais ! »

À ces paroles de la jeune fille, je fus à la limite dernière de l’ébahissement, et je dis : « Ô ma maîtresse, pourrais-tu m’expliquer comment tu es parvenue à connaître cette personne et tous ces détails inconnus de moi-même ? » Elle répondit : « Je la connais aussi bien que le Destin connaît ses propres décisions et les calamités qu’il recèle ! Mais avant de m’expliquer là-dessus, je désire apprendre de ta bouche le récit de ton aventure avec elle. Car, encore une fois, de te voir sortir vivant d’entre ses mains, je suis encore tout étonnée. »

Alors moi je racontai à la jeune fille tout ce qui m’était arrivé avec mon amoureuse du jardin et avec ma pauvre Aziza, la fille de mon oncle ; et elle, au nom d’Aziza, compatit énormément à ses peines et jusqu’à en pleurer à chaudes larmes, et, en signe de désespoir sans recours, elle frappa ses mains l’une contre l’autre et me dit : « Qu’Allah t’en dédommage