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les mille nuits et une nuit

furieusement et si longtemps et d’une manière tellement extraordinaire que j’en perdis l’usage de mes sens et fermai les yeux comme un idiot. Alors la jeune fille se mit debout et m’aida à me relever ; puis elle me prit par la main et, suivie de sa mère, me fit entrer, après que l’on eut traversé une série de sept corridors et de sept galeries, dans l’endroit où elle devait habiter. Et moi je la suivais absolument comme un homme ivre, par suite de l’effet produit sur moi par ses doigts terriblement experts. Elle s’arrêta alors et me fit asseoir et me dit : « Ouvre les yeux ! » Et j’ouvris les yeux et me vis dans une immense salle éclairée par quatre grandes arcades vitrées, et si vaste qu’elle eût pu servir de champ de course aux joutes des cavaliers ; elle était entièrement pavée de marbre, et les murs étaient recouverts de plaques aux couleurs vives mariées en dessins d’une finesse extrême. Elle était meublée de meubles d’une forme agréable et rehaussés de brocart et de velours, ainsi que les divans et les coussins. Et au fond de cette salle il y avait une vaste alcôve où se voyait un grand lit tout en or, avec des incrustations de perles et de pierreries, et vraiment digne d’un roi tel que toi, prince Diadème !

Alors la jeune fille, à mon grand ébahissement, m’appelant par mon propre nom, me dit : « Ô Aziz, que préfères tu ? la mort ou la vie ? » Je lui dis : « La vie ! » Elle reprit : « Du moment qu’il en est ainsi, tu n’as qu’à me prendre pour épouse ! » Mais je m’écriai : « Non, par Allah ! car plutôt que de me marier avec une libertine de ta sorte, je préfère la mort ! » Elle dit : « Ô Aziz, crois-moi ! marie-toi