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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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te prie de m’accompagner tout près d’ici, jusqu’à la porte de notre maison, pour lire encore une fois, de derrière la porte, cette lettre aux femmes de la maison ; car sûrement elles ne voudront pas se fier au résumé que je leur donnerai moi-même de cette lettre, surtout ma fille, qui est très attachée à son frère, le signataire de cette lettre, lequel nous a quittées pour un voyage de commerce depuis déjà dix ans et dont c’est la première nouvelle, depuis le temps que nous le pleurons comme mort. Je t’en prie, ne me refuse pas cela ! Tu n’auras même pas la peine d’entrer, car tu leur liras cette lettre du dehors. D’ailleurs, tu sais les paroles du Prophète (sur lui la prière et la paix !) au sujet de ceux qui soulagent leurs semblables : « Celui qui tire un musulman d’une peine d’entre les peines de ce monde, Allah lui en tiendra compte en lui effaçant soixante-douze peines des peines de l’autre monde ! » Alors moi je me hâtai d’accéder à sa demande et je lui dis : « Marche devant moi pour m’éclairer et me montrer le chemin ! » Et la vieille me précéda ; et, au bout de quelques pas, nous arrivâmes à la porte d’un palais.

Et c’était une porte monumentale, toute lamée de bronze ouvragé et de cuivre rouge. Alors moi je me tins tout contre la porte ; et la vieille jeta un cri d’appel en langue persane. Et aussitôt, sans avoir le temps de me rendre compte de la chose, tant fut rapide le mouvement, devant moi, par la porte entrebâillée, une jeune fille légère et potelée, souriante, apparut, les pieds nus sur le marbre lavé ; et de ses mains elle tenait, de crainte de les mouiller, les plis