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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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Et je ne cessai d’être ainsi, à manger, à boire, à embrasser et à copuler, à vêtir tous les jours des robes plus belles les unes que les autres et des chemises plus fines les unes que les autres, jusqu’à ce que je fusse devenu extrêmement gras et à la limite dernière de l’embonpoint ; et je ne sentais plus ni peines ni soucis ; et j’oubliai complètement jusqu’au souvenir de la pauvre fille de mon oncle. Et je restai dans cet état de délices la longueur entière d’une année.

Or, un jour, au commencement de la nouvelle année, j’étais allé au hammam et j’avais revêtu ma robe la plus somptueuse ; et, en sortant du hammam, j’avais bu une coupe de sorbet et humé avec volupté les odeurs fines qui se dégageaient de ma robe imprégnée de parfums ; et je me sentais encore plus épanoui que d’habitude et je voyais toute chose en blanc autour de moi ; et le goût de la vie m’était délicieux à l’extrême, et tellement que j’en étais dans un état d’ivresse qui m’allégeait de mon propre poids et me faisait courir comme un homme pris de vin. Et c’est dans cet état que le désir me vint d’aller répandre l’âme de mon âme dans le sein de mon amie.

Je me dirigeais donc vers sa maison quand, en traversant une ruelle nommée l’Impasse de la Flûte, je vis s’avancer vers moi une vieille qui tenait à la main une lanterne pour éclairer sa route et une lettre dans son rouleau. Alors je m’arrêtai ; et elle, après m’avoir souhaité la paix, me dit…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit appa-