sur le marbre et y versa d’abondantes larmes. Puis elle sortit d’un sac de soie un ciseau d’acier et un marteau d’or, et grava sur le marbre poli ces vers en caractères charmants :
Une fois je fus le passant qui s’arrêta devant une tombe enfouie au milieu du feuillage avec, pleurant sur elle, sept anémones, la tête inclinée.
Et je dis : « Qui peut bien être dans cette tombe ? » Mais la voix de la terre me répondit : « Homme ! courbe ton front avec respect ! Ici, dans la paix du silence, dort une amoureuse ! »
Alors je m’écriai : « Ô toi qu’a tuée l’amour, femme qui dors dans le silence ! puisse le Seigneur te faire oublier les tribulations, et te placer sur le plus haut sommet du Paradis ! »
Infortunés amoureux, vous êtes délaissés jusque dans la mort, puisque nul ne vient essuyer la poussière de vos tombeaux !
Moi, ici, je veux planter des roses et des fleurs amoureuses et, pour les faire mieux fleurir, je les arroserai de mes larmes.
Ensuite elle se leva, et jeta un regard d’adieu à la tombe d’Aziza et reprit avec moi le chemin de son palais. Et elle était devenue très tendre soudain ; et à plusieurs reprises elle me dit : « Par Allah ! ne me délaisse jamais ! » Et moi je me hâtai de répondre par l’ouïe et l’obéissance. Et je continuai à me rendre régulièrement chez elle toutes les nuits ; et elle me recevait toujours avec beaucoup d’expansion et de chaleur, et n’épargnait rien pour me faire plaisir.