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les mille nuits et une nuit

s’écria : « Qu’Allah l’ait en sa miséricorde ! Voici que, même après sa mort, elle te devient d’un grand secours ! Car elle te sauve, par ces simples paroles, du projet de perdition que j’avais comploté contre toi et des embûches où j’avais résolu de te faire tomber ! »

À ces paroles étranges, je fus à la limite de l’étonnement et je m’écriai : « Que dis-tu là ? Comment ! nous étions liés par l’affection et tu avais résolu ma perte ! Quelles sont ces embûches où tu me voulais faire tomber ? »

Elle répondit : « Enfant ! ô naïf ! je vois que tu ne te doutes guère de toutes les perfidies dont nous, les femmes, sommes capables ! Mais je ne veux pas insister. Sache seulement que tu dois à ta cousine ta délivrance d’entre mes mains. Pourtant je ne me désiste qu’à la condition que tu n’adresses jamais un regard ni une parole à une autre femme que moi, que cette femme soit jeune ou vieille. Sinon malheur à toi ! Ah ! oui, malheur à toi ! Car alors tu n’auras plus personne qui te tire de mes mains, puisque celle qui te fortifiait de ses conseils est morte. Prends donc bien garde d’oublier cette condition ! Et maintenant j’ai à te faire une prière ! »

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.