Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar … (aziz, aziza)
43

je ne te le donnerai qu’en te voyant remplir la condition imposée ! »

Alors moi je dis à ma mère : « Soit ! mais tu peux bien me montrer cet objet ! » Mais ma mère refusa avec énergie et me quitta.

Or, tu peux constater, seigneur, combien à cette époque là j’étais affligé d’étourderie et combien j’étais peu rassis de raison, puisque je ne voulais guère écouter la voix de mon cœur. Au lieu de pleurer ma pauvre Aziza et de porter son deuil en mon âme, je ne pensais qu’à m’amuser et me distraire. Et rien ne m’était plus délicieux que de continuer à me rendre chez mon amoureuse. Aussi, à peine la nuit venue, je me hâtai de me rendre chez elle ; et je la trouvai aussi impatiente de me revoir que si elle était assise sur le gril. Et à peine étais-je entré qu’elle courut à moi et se suspendit à mon cou et me demanda des nouvelles de ma cousine Aziza ; et quand je lui eus raconté les détails de sa mort et des funérailles, elle fut prise d’une grande compassion et me dit : « Ah ! que n’ai-je su, avant sa mort, les bons services qu’elle t’a rendus et son abnégation admirable ! Et comme je l’en eusse remerciée et récompensée de toute manière ! »

Alors, je lui dis : « Et surtout elle a bien recommandé à ma mère de me répéter, pour qu’à mon tour je te les dise, quatre mots, les derniers qu’elle ait prononcés :

Que la mort est douce et préférable à la trahison ! »

Lorsque l’adolescente eut entendu ces paroles elle