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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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commandation ? » Alors moi je lui dis : « Sois tranquille, ô Aziza ! Je lui ai récité la strophe, qui l’a émue à la limite de l’émotion, et tellement qu’elle me récita cette strophe-ci. » Et je lui répétai les vers en question. Et Aziza, en les entendant, pleura silencieusement et murmura ces paroles du poète :

« Celui qui ne sait taire le secret ni pratiquer la patience dans l’épreuve n’a plus qu’à souhaiter la mort comme partage.

Pourtant ! ma vie entière s’écoula dans le renoncement. Et je meurs sevrée des paroles de l’ami ! Ah ! quand je mourrai, faites parvenir mon salut à celle qui fut le malheur de ma vie ! »

Puis elle ajouta : « Ô fils de mon oncle, je te prie, lorsque tu reverras ton amoureuse, redis-lui ces deux strophes ! Et que la vie te soit douce et facile, ô Aziz ! »

Or, moi, lorsque vint la nuit, je retournai au jardin, selon mon habitude, et je trouvai mon amie qui m’attendait dans la salle ; et nous nous assîmes tous deux, côte à côte, à manger, à boire et à nous amuser de toutes façons, pour ensuite nous coucher, enlacés, jusqu’au jour. Alors je me rappelai ma promesse à Aziza, et je récitai à mon amie les deux strophes apprises.

Or, à peine les eut-elle entendues, que soudain elle poussa un grand cri et recula épouvantée et s’écria : « Par Allah ! la personne qui a dit ces vers, doit être sûrement morte à l’heure qu’il est ! » Puis elle ajouta : « J’espère pour toi que cette personne